dimanche 18 octobre 2009

Charles JULIET, cette souffrance en l’homme




Marchant sans but à travers la ville. Traînée mauve d’est en ouest et le froid qui colle aux tempes. D’un point à l’autre de la courbe. Là où la mort veille, là où nous touchons à l’extrême. Cette coulée vide où le temps résonne comme un mur blanc.

Sauvagerie de la marche jusqu’au point d’anesthésie et d’oubli. Lueurs montantes au long des berges. Fuite dans la nuit noire. L’aurore déserte et malvenue ( on voudrait se passer de l’eau sur le visage, sans rien dire, se jeter face contre terre).

Sentiment éblouissant, blanc, de n’appartenir qu’à ce qui déjà meurt, s’en va, sans recours m’entraîne, débris épars, fragments détachés dans la nudité du jour. Lumière indivise du temps.

Lisant d’une voix blanche où vibre lentement une nostalgie désespérante, comme à bout de force, comme à bout de souffle, comme si retenaient seulement ce bruit, ce souffle.

Le livre efface le temps, cendres.

A la fin la poésie elle-même emporterait.
Là où rien ne peut finir.

[ …]



Livre collectif prêté par Armand Dupuy

Ah ! Que le temps vienne
où les cœurs s’éprennent

Littérature et poésie
Festival de Soulac
Espace Rhône-Alpes
C.C.A.S., p.63-64, 1986.