dimanche 22 novembre 2009

Charles JULIET, PENSER avec Antoinette FOUQUE





[…] Elle expliquait que s’il veut atteindre « le vrai et le réel », l’artiste doit traverser « du faux, des oripeaux, des identités plaquées ou rapportées ». C’est là une vérité fondamentale. Pour accéder au vrai de soi-même, l’artiste doit en effet traverser – ou mieux – éliminer les écrans qui s’interposent entre lui et lui, entre ce à l’aide de quoi il cherche à se percevoir et cela qui sera perçu. Ces écrans sont nombreux – peurs, désirs, blessures, croyances, illusions…- et tant qu’ils ne sont pas dissipés, les perceptions sont viciées, de sorte que l’artiste ne pourra capter ce qu’il lui faudrait mettre en forme et transmettre.

Au sujet de la pensée, elle remarque que « la pensée , c’est aussi préverbal. La psychanalyse est géniale en cela qu’elle permet de penser avec des pulsions, dans le préverbal et pourtant ça s’organise, s’ordonne et devient clair ». Elle précise encore : « C’est très concret comme si la chair ou la pulsion, quelque chose du dedans affleurait. Il me semble qu’il s’agit là d’un inconscient plus charnel que l’inconscient freudien.


[…] Et la chair pense


[…] Plus loin Antoinette Fouque cite in texte de Kleist où il est dit que « la forme la plus rigoureuse peut donner accès à la plus grande abstraction, à ce qu’il y a de plus amorphe » . Et elle ajoute: « On arrive à créer une grâce plus qu’humaine. C ‘est à la fois l’esthétique et l’éthique. Ce n’est pas la mystique. C’est l’art. Plus la rigueur formelle est grande, plus l’exprimable peut être exprimé. ».

[…] Ce que j’ai lu dans cet entretien s’est trouvé accordé à ce que j’ai vécu et observé au long de mes années de travail.



Une amitié née d’une lecture,

Penser avec Antoinette Fouque

Editions des femmes, 2008, p.26-27.


Illustration de couverture : Destins croisés II, Peinture de Fabienne VERDIER