26 octobre
Hier soir, séisme de faible ampleur.
En France, quand deux ou trois gamins jouent avec un ballon, celui-ci est toujours rond. Ici, il est inévitablement ovale.
Lorsque j'en vois, comme ces jours, sur un terrain proche, se faire des passes et tenter des drops, je ne peux m'empêcher de m'arrêter et de passer un moment à les regarder. Je dois d'ailleurs me retenir,car j'ai un vif désir de me joindre à eux.
Je me sens parfaitement bien dans ce cottage aux pièces de dimensions réduites, mais bien éclairées par de larges baies.
L'autre jour, une descendante de l'homme et de la femme qui l'ont fait construire nous appris qu'ils avaient eu onze enfants. L'un d'entre eux étant mort, ils ont donc vécu à douze dans cette petite maison. Comment ont-ils pu ne pas étouffer ? A force de vivre les uns sur les autres, on peut supposer qu'ils ont dû parfois ne plus pouvoir se supporter. Combien j'aimerais savoir ce qui, au long des années, s'est passé dans cette maison.
En fin d'après-midi, un jeune homme qui monte la rue et m'aperçoit à ma table me salue d'un grand signe de la main. Maintenant, chaque jour, je me surprends à attendre son passage.
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Charles Juliet,
Réédition de Au pays du long nuage blanc,
Folio, Juin 2008,p. 86-87
Edition Originale en 2005 chez P.O.L.