jeudi 31 janvier 2008
Charles Juliet , Texte publié dans Bram van Velde Lithographies originales
FACE A LA TOILE
Bram van Velde ne se mettait à peindre que lorsqu’un profond besoin l’y contraignait. Au cours de cette attente qui pouvait durer des semaines, des mois, une énergie s’était accumulée en lui, et c’est cette énergie qui le poussait à entreprendre une toile. « La peinture ne m’intéresse pas. Ce que je pense est en dehors de la peinture. » . Ce qu’il peignait, c’était son attente, son affût, ce travail qu’il accomplissait sur lui-même en vue d’éliminer ce qui s’opposait au surgissement de la vie.
L’ŒUVRE
Contrairement à beaucoup de peintres qui sont habiles de leurs mains, aiment à tendre leurs toiles, sont à l’aise dans le concret, prennent éventuellement plaisir à bricoler, Bram van Velde était d’une grande réserve face aux choses et à la vie pratique.
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Il n’avait d’ailleurs besoin pour peindre que de peu de chose : une feuille de papier blanc punaisée sur un panneau de bois, deux ou trois pinceaux, quelques tubes de couleur, une assiette et un verre d’eau.
L’HOMME
Il se disait brouillé avec le langage, les mots. Enfoui en son centre, il percevait qu’ils ne sont pas à même de recevoir ce qu’on les charge de transmettre. Plutôt que de mal s’exprimer, il préférait se taire. « Je ne peux pas employer les mots. Parfois, ils ont évidemment une certaine utilité. Mais l’essentiel, ils n’ont pas pouvoir de le dire. »[…]
De tout ce qu’il a enduré, traversé, obtenu, il a nourri son œuvre. « Tout ce que j’ai peint est la mise à jour de quelque chose de vrai. Et par là d’inépuisable. »
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Bram van Velde, Maeght Editeur, 1993, p. 15-19
Lithographies originale Textes de Charles Juliet Chercher la vie
et de Georges Duthuit Bram van Velde ou Aux colonnes d’Hercule