mercredi 13 février 2008
Charles Juliet, Découverte du Parc des Hauteurs
(Parc des Hauteurs, Lyon)
La rue monte. Les voitures qui passent à vive allure. Odeur d’essence et de gasoil. Les trottoirs, l’asphalte, le haut mur sombre sur la droite. Rien que du gris, du minéral, du géométrique. Un décor urbain des plus austères. Comme un concentré de la ville quand elle n’est plus que pierre, que voitures qui vous frôlent et vous assourdissent.
J’attends que cesse le trafic et je traverse en hâte la chaussée. J’emprunte le passage qui coupe le mur sur toute sa hauteur, et en un instant, me voici en pleine campagne. […] Le haut mur est soudain ressenti d’une tout autre manière. Il n’est plus perçu comme une présence rébarbative, mais comme un rempart qui me protège de la ville, ménage un espace clos où je vais pouvoir revenir à moi-même et me détendre.
[…]
Comme je montais, un maçon s’appliquait à finir l’un de ces caniveaux. Un instant, après avoir échangé un mot avec lui, je l’ai regardé travailler. Il s’emparait d’un galet et le posait à la verticale sur une couche de sable mêlé de ciment. Si le galet dépassait le niveau voulu, il l’enfonçait d’un léger coup de maillet. A l’inverse, si le galet devait être rehaussé, il glissait sous lui une poignée de sable. A voir le soin avec lequel il plaçait ces pierres j’ai songé à mon travail.
(Lyon ville écrite, Stock, p. 229 et 230)